Yan Turmine/ Du 21 au 23 octobre dernier avait lieu à East Syracuse, dans l’état de New-York, la 76iéme conférence de nutrition de l’université de Cornell. C’était l’occasion d’écouter professeurs et étudiants sur divers sujets touchant la nutrition animale. Les sujets abordés cette année étaient des plus intéressants. Plus particulièrement, sans ôter aux autres conférences leur intérêt, la conférence de la Dre Margaret Smith du département de l’amélioration génétique des plantes de l’université Cornell. La Dre Smith nous a présenté une vision assez intéressante des OGM, ou plutôt des « GE crop » soit les plantes issues du génie génétique (génétically engineered). Tout au long de sa conférence, elle nous a informé afin d’alimenter le débat qui fait rage autour de ces nouvelles technologies.
La Dre Smith, spécialiste de la sélection variétale dans le maïs nous a rappelé quelques bases génétiques que beaucoup ignore ou que l’on oublie facilement, mais qui ont de l’importance dans un débat sur l’amélioration génétique. Voici quelques éléments que j’ai retenus de sa conférence.
Première leçon d’humilité pour la science et pour l’homme, tous les êtres vivants sur la terre possèdent un code génétique qui se compose essentiellement d’une combinaison de quatre molécules (bases nucléotidiques) appelée A, C, G, U, soit un langage génétique unique qui utilise le même alphabet que cela soit pour une salade ou un éléphant.
Deuxième leçon la nature modifie couramment le bagage génétique par des mutations ou des importations de gêne. Ainsi, chez les plantes, il est courant que des mutations de bourgeons ou des infections virales modifient une partie du patrimoine génétique. Ce phénomène a été, et, est toujours à l'origine de sélection de cultivars très intéressants: poire Williams rouge par exemple ou espèces panachées (souvent d'origine virale).
Autre point soulevé par la Dre Smith, l’homme a de tous les temps amélioré génétiquement les plantes et les animaux. La plupart des améliorations seraient non viables dans la nature sans la présence de l’homme. L’ancêtre du maïs était très différent du maïs que nous connaissons aujourd’hui (voir photo). Ces améliorations se sont accélérées avec les technologies que l’homme avait à sa disposition. Il est normal qu’aujourd’hui l’homme soit en mesure de faire en quelques années ce qui pouvait prendre des dizaines d’années voir des centaines d’années auparavant. L’homme a manipulé et modifié les gènes des espèces qu’il a domestiquées depuis des millénaires. Seuls les outils pour accomplir cette manipulation ont changé comme bien des choses. Les progrès de la science vont faire en sorte qu’il sera de plus en plus facile de faire du génie génétique et d’introduire des gènes dans un organisme vivant afin d’en modifier les caractéristiques.
Le génie génétique comparable à l’aéronautique
L’utilisation des plantes issues du génie génétique est assez répandue en agriculture, confirmant leur popularité auprès des producteurs agricoles. Le grand public est cependant septique quant à leur utilisation. Plusieurs scientifiques comme la Dre Smith demandent plus de contrôle dans l’approbation des variétés issue du génie génétique. La technologie nous a donné un outil incroyable, le génie génétique. Cet outil peut se comparer à ce que l’aéronautique a fait pour le transport. En très peu de temps, l’avion a profondément modifié notre vision du monde. Le secteur aéronautique est aussi un des secteurs les plus réglementés. Le génie génétique modifiera profondément l’agriculture et cela a déjà commencé. Il est important que les gouvernements s’impliquent beaucoup plus, comme le demandent la population et les scientifiques, dans l’évaluation et le contrôle des produits issus du génie génétique. Beaucoup de gens encore aujourd’hui ont une certaine crainte à prendre l’avion, d’ailleurs les accidents d’avion sont des événements qui frappent l’imagination et font peur, même s’il s’agit d’un des transports les plus sécuritaires. Le génie génétique suscitera toujours une certaine appréhension, c’est la réglementation et les contrôles qui feront de cet outil un formidable moyen de développement.
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