Par Constance Paradis
Situation
La ferme « RICXAN » (5507, chemin St-Isidore) à Laterrière, au Saguenay, est une belle ferme laitière composée de 85 vaches Holstein. On y produit environ 50 kilos de matières grasses, de lait, par jour et également un peu de canola et d’avoine. Le père et la mère, M. et Mme André Jean ont trois enfants: deux garçons et une fille. Les garçons ont décidé de devenir propriétaires de l’exploitation agricole tandis que leur sœur a préféré travailler dans un autre domaine.
La relève pas évidente pour tous ceux concernés par la transaction
Comme le dit si bien, l’ainé des garçons, Frédéric (34 ans) : « Prendre la relève, c’’est pas facile! Il faut réussir à créer une relation gagnant-gagnant entre le vendeur et l’acheteur. La différence d’âge est assez prononcée et on a donc des visions différentes. Les jeunes parlent plus de projets tandis que les plus âgés veulent se sécuriser pour leur retraite. »
Quant à Alexandre (30 ans), il ajoute : « S’occuper d’une entreprise agricole ça implique beaucoup de travail et un horaire particulier. On est beaucoup moins présent à la maison pour les enfants. Il faut donc trouver des façons de concilier tout ça. Il faut beaucoup aimer vivre à la ferme. Ça demande beaucoup de dévouement de leur part de nos conjointes. »
Les motivations ?
Les deux garçons travaillaient déjà à la ferme depuis environ 10 ans. Comme ils le mentionnent, on procède graduellement au transfert. Le père travaille encore sur la ferme tandis que la mère continue de s’occuper des affaires administratives. Ils ont également, depuis deux ans, un employé à temps plein. C’est un cousin qui est très dévoué et qui avait déjà travaillé pour leur père. Pas facile de trouver de la main-d’œuvre agricole fiable et compétente!
Comme le dit Alexandre : « Ça n’est pas arrivé tout d’un coup! Nos parents nous ont toujours impliqués dans la ferme. On n’a pas été forcé. À vingt ans on savait qu’on voulait continuer. »
Frédéric ajoute : « Il faut avoir un peu la vocation en raison de l’implication constante que ça exige. Tant que tu ne l’as pas fait, tu ne peux pas savoir ce que ça demande. »
Alexandre travaille actuellement à temps plein sur la ferme tandis que Frédéric, y travaille à temps partiel. Il occupe également un emploi de débardeur au port-de-mer, à La Baie.
La relève de la relève, un défi pour l’avenir !
Les deux nouveaux propriétaires ont chacun une famille de trois enfants. Ils espèrent qu’ils continueront dans le domaine agricole et qu’ils prendront la relève de la ferme.
Comme Alexandre le précise : « Pour l’instant, les enfants sont trop jeunes pour y penser. On les incite doucement à prendre contact, à se découvrir une relation avec les animaux. Ils ont une petite fermette. Ils aiment les animaux et la machinerie agricole. Il faudra cependant que l’on respecte leurs choix sinon ils vont prendre la ferme et ils vont la revendre.»
Fréderic, quant à lui, ajoute : « On fait comme ce que nos parents ont fait pour nous. Ils ne nous ont jamais imposé ce choix mais ils suggéraient. Ils ne nous forçaient pas. Ils n’ont jamais cessé de nous intéresser à la ferme. »
Une relève agricole mais avec quelle vision d’avenir ?
Comme le dit, le plus âgé des deux, Frédéric : « On veut grossir mais pas trop et pas trop vite. Il faut que le coté émotif soit capable de suivre. Nous, nos conjointes et nos familles on est tous concernés. Actuellement on se dirige vers une exploitation laitière de grosseur moyenne pour produire environ 60 kilos de matières grasses par jour. »
Comme ils s’entendent tous deux à le dire, il faut que ce soit rentable pour faire vivre dignement leurs deux petites familles et pour pouvoir payer les équipements, les bâtiments, etc. Ils veulent également continuer à produire un lait de bonne qualité. En 2013, la ferme a gagné le « Certificat Grande Qualité Lait ».
Comme le dit Alexandre : « À court terme, on veut exploiter la ferme dans les règles de l’Art. On aime les animaux et on veut bien les traiter. On veut améliorer les sols mais également appliquer correctement les pesticides et respecter nos cours d’eaux. On veut respecter l’environnement. »
Frédéric poursuit en disant : « Ici ce n’est pas comme ailleurs dans le monde. On a les quotas de lait qui nous assurent un prix décent, un prix stable. La mondialisation en agriculture ça ne devrait pas se faire. L’agriculture ça devrait rester une aire protégée pour nourrir la population. Il faut garder notre modèle agricole de type familial. Il faut s‘opposer à l’achat des terres agricoles par de grosses compagnies à numéros. On essaie de nous faire croire que le consommateur sera gagnant mais au bout d’un an il devra payer plus cher. »
Alexandre poursuit : «Ici au Québec, il faut croire en la coopération. C’est ce modèle qui génère le plus d’idées. Le Canada est le seul pays au monde qui a une barrière tarifaire. Il faut maintenir les quotas! »
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