Sur la scène du Centre Canadien d’Architecture, à Montréal, une ambiance théâtrale prévaut le 6 novembre. Ce soir-là, un face à face sur notre avenir alimentaire est organisé entre deux groupes aux positions opposées. Principaux invités : Trish Jordan, directrice des affaires publiques et industrielles de Monsanto Canada, l’un des principaux industriels en semences génétiquement modifiées et Éric Darier, politologue, enseignant, directeur de la campagne Agriculture de Greenpeace International et principal opposant des OGM.
Il fallait bien une femme de théâtre pour organiser une telle confrontation shakespearienne! Organisatrice de la soirée, la célèbre dramaturge, Annabel Soutar, directrice artistique de la compagnie montréalaise Porte-Parole. Elle a créé le forum « Mind the Gap», ou combler le fossé : une suite de conversations publiques prenant de front les controverses actuelles. Peut-on faire converser aimablement des industriels qui produisent des semences génétiquement modifiées, et leurs principaux opposants? Réponse oui, bel exploit!
Dans le rôle de la principale accusatrice, l’organisation Greenpeace, qui accuse l’industrie de jouer à l’apprenti sorcier avec la santé humaine. Vous modifiez les gènes d’organismes vivants, qui vont être consommés par les êtres humains, les animaux et être amenés à se reproduire, dit-elle en substance. Que savez-vous des conséquences des manipulations génétiques sur l’ensemble du vivant et sur la santé humaine? De l’autre côté le principal avocat des OGM est l’industriel américain Monsanto. Selon sa représentante, la position de Greenpeace et de ses soutiens est purement idéologique, dit-elle en substance. Il n’existe pas de preuve scientifique que les OGM entrainent des risques plus élevés pour l’environnement et la sécurité des denrées alimentaires.
L’enjeu du débat est comme la balance de la justice : d’un côté, les partisans des OGM parlent de ses bienfaits pour l’humanité. Les productions d’OGM, permettent de lutter contre la famine en permettant d’abondantes récoltes dans des pays atteints par la sécheresse, les inondations, ou menacées par les insectes. De l’autre, aucune étude scientifique indépendante dans la durée n’a été effectuée pour conclure que ces procédés sont inoffensifs.
Alors que choisir? Le principe de précaution, dit Greenpeace. Limiter les pertes de production, utiliser la surproduction, mais ne pas jouer avec la vie humaine. Non, répond Monsanto. La réponse n’est pas à la hauteur du défi. Il faut lutter aujourd’hui contre la famine. Les enjeux de demain sont d’abord de savoir comment répondre et nourrir le doublement de la population terrestre attendue dans les cinquante prochaines années.
Personne ne parvient à gagner le débat.
Match nul pour l’instant.
Les commentaires récents