Jusqu'à présent, dans toutes les ententes de libre-échange que notre pays a signées, il a fait exclure la gestion de l'offre. Or, les négociations entre le Canada et l'Europe entrent dans leur dernière ligne droite et il appartiendra bientôt aux ministres de les conclure en abordant les questions les plus difficiles. Bien que ceux-ci se soient réunis la semaine dernière et n'aient pas réussi à s'entendre, ils demeurent persuadés d'y parvenir avant la fin de 2012. L'Europe réclame, notamment, plus d'accès au marché canadien des fromages. Le Canada offre déjà aux importations plus de 6 % de son marché intérieur du fromage. L'Europe en accapare plus des deux tiers, pour une valeur de 156 millions de dollars en 2011. De son côté, l'Europe laisse moins de 2 % d'accès à son marché intérieur des fromages.
« Le Canada n'a pas à faire de concessions agricoles pour obtenir plus d'accès au marché agricole européen, il concède déjà assez dans ce secteur et ailleurs. Surtout si l'on considère l'importance des indications géographiques et des règles d'origine pour des pays comme la France, l'Italie et la Grèce. Les offres du Canada, à cet égard, s'avèrent d'une valeur inestimable pour l'Europe. Il serait donc totalement injustifié que le Canada augmente les contingents d'importation de fromage pour offrir un accès garanti à l'Europe » a ajouté M. Letendre.
Le président de la FPLQ a aussi fait valoir que le Canada n'est pas le seul à préserver des secteurs dans les ententes qu'il négocie. Tous les pays ont des secteurs sensibles et stratégiques à protéger quand ils concluent des accords commerciaux. Par exemple, l'Europe interdit l'importation du bœuf traité aux hormones en raison du principe de précaution et maintient un régime de subventions découplées à la production laitière qui peuvent représenter de 40 à 60 % du revenu des producteurs. Les États-Unis, de leur côté, ont exclu complètement leur secteur du sucre du libre-échange avec l'Australie et leur industrie laitière ne veut pas faire de concessions à l'Océanie dans la négociation du Partenariat transpacifique. Finalement, la Nouvelle-Zélande interdit l'importation de viande fraîche ou congelée de porc ou de volaille sous des prétextes phytosanitaires et protège son régime public de médicaments de la concurrence.
Le libre marché dans le lait, si ça fonctionnait, on le saurait depuis longtemps. Toutes les tentatives d'assurer par la déréglementation un revenu suffisant aux producteurs de lait pour couvrir leurs coûts de production ont échoué, et ce, partout dans le monde. C'est justement pour ça que les producteurs et les gouvernements au Canada ont mis en place la gestion de l'offre. Et un des principes fondamentaux de la gestion de l'offre, c'est d'assurer aux producteurs un juste prix qui couvre leurs coûts de production » a indiqué le président. Il cite l'exemple des producteurs laitiers en Europe, qui, malgré les importantes subventions, traversent leur deuxième crise en l'espace de trois ans, une crise qui accule des milliers d'entre eux à la faillite. Il cite également en exemple les producteurs laitiers de la Californie où, selon le Wall Street Journal, 1 600 fermes laitières parmi les plus grosses et performantes luttent pour leur survie. « Notre secteur est durable et entièrement renouvelable, il faut le rappeler. Il génère déjà, année après année, sans subventions ou investissements gouvernementaux, deux fois plus d'emplois et de retombées fiscales qu'on en aura avec le développement du Nord » a ajouté M. Letendre.
Finalement, le président a conclu en précisant les trois principaux défis auxquels, selon lui, l'industrie laitière fait face, soit celui de préserver la gestion de l'offre dans les accords commerciaux, d'assurer un contrôle efficace des frontières face aux importations et de mieux vendre le lait pour satisfaire les marchés, en assurant aux producteurs, mais aussi à toute l'industrie, un juste revenu et des bénéfices. À cet égard, il a lancé un appel à ses partenaires : « Nous avons un urgent besoin de dialogue, de volonté de compromis de part et d'autre, de recherche de solutions gagnantes pour tous au sein de cette industrie. Tous les partenaires doivent être de la solution : les producteurs, les transformateurs, les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral » a conclu M. Letendre.
Source : Jean Vigneault Directeur, Communications et vie syndicale Fédération des producteurs de lait du Québec
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