Bien qu’il ait porté l’uniforme du Tricolore pendant huit ans et qu’il ait remporté cinq coupes Stanley avec cette équipe avant de devenir défenseur pour les Capitals de Washington, cela n’a pas empêché Pierre Bouchard de développer son exploitation agricole située à Verchères, en bordure du fleuve St-Laurent.
Dès 1974, alors qu’il joue pour les Canadiens de Montréal, il commence à acquérir des terres pour faire de l’agriculture une véritable passion. En plus des grandes cultures, il possédait un troupeau de 150 têtes de bovins de boucherie qu’il a vendra en 2008. Depuis le début, Pierre Bouchard effectue la gestion de son entreprise en entretenant des liens avec ses principaux clients et en supervisant les opérations quotidiennes des champs. Sa ferme compte aujourd’hui 1200 acres contiguës en culture dont les principales sont le maïs, le soya, le blé animal, l’orge de brasserie, les pois verts et les fèves vertes.
Diminution de la production de blé
Bien qu’il produisait auparavant du blé pour la consommation humaine, Pierre Bouchard a choisi de mettre une croix sur cette production au cours des dernières années, c'est-à-dire depuis la création d’une agence de vente obligatoire mise sur pied par la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ), une filiale de la Fédération de l’U.P.A..
Ce n’est pas le rôle d’un syndicat de devenir une agence de vente, selon lui. Il pense que ceux qui ont voté en faveur de cette agence sont surtout des agriculteurs pour qui la production de blé demeure secondaire.
« Une telle structure devient intéressante lorsqu’un producteur de lait ou de viande qui récolte du blé n’a pas le temps de se consacrer à sa mise en marché. C’est pourquoi je pense que l’adhésion à un syndicat doit être faite sur une base volontaire comme le droit de choisir le syndicat qui répond le mieux à nos besoins ».
Véritable défenseur de l’agriculture québécoise
Pierre qui est le fils d’Émile « Butch » Bouchard, joueur émérite du Canadien de Montréal, intronisé aujourd’hui au temple de la Renommée du Hockey, est un véritable défenseur des droits des agriculteurs. Lui qui a su ériger seul son entreprise n’a pas envie de remettre les rênes à une tierce partie dont les principaux intérêts ne sont pas les siens.
« La plupart des producteurs céréaliers sont des hommes d’affaires. La libre entreprise est un droit fondamental et l’enlever risque de mettre un jour les entreprises agricoles en péril».
Selon lui, les Québécois sont en train d’installer une structure de vente comme celle que les producteurs tentent de démanteler dans l’Ouest canadien, c’est-à-dire la Commission canadienne du blé. « Les jeunes de l’Ouest se battent présentement pour démanteler cette structure qui nuit aux intérêts de chacun. En ériger une nous fait reculer de dix ans en arrière » explique l’ancien numéro 26 des Canadiens.
Le droit de choisir
Pour ceux qui pensent qu’une telle structure protège les agriculteurs, Pierre Bouchard pense qu’il ne faut pas oublier que viser l’excellence est une des clés de la réussite en affaire, comme se donner le droit de choisir ceux qui représentent nos intérêts. La réalité vécue par les agriculteurs est si différente d’une région à l’autre, d’une culture à l’autre, qu’un seul modèle syndical ne suffit pas.
« Choisir d’adhérer ou pas à un syndicat ou encore choisir celui qui représente le mieux nos intérêts, c’est donner du pouvoir aux agriculteurs ». Il compare cela à la venue de la ligue mondiale dans le hockey professionnel. Avant, les joueurs étaient obligés de jouer pour la ligue nationale tandis qu’après la création de la ligue mondiale, ceux-ci avaient la liberté de jouer pour celle qui présentait le plus d’avantages.
À la ferme, Pierre emploie deux hommes à temps plein : René et Stéphane Desmarais. Pour ce qui est de la relève, ses enfants représentent une relève potentielle. Sa fille Sophie qui habite à deux pâtés de maisons fait des études en comptabilité tandis que son fils, Émile, étudie dans le domaine de la finance. Son épouse Lyne, pour sa part, s’occupe de l’aspect extérieur de la ferme et de ses deux chevaux. Bientôt, l’achat d’un logiciel de gestion des champs viendra parfaire l’aspect technico-économique de l’entreprise.
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