2011 : UNE ANNÉE DE GAINS POUR LE SECTEUR AGRICOLE
Sauver notre garde-manger… en pensant la ville autrement
Les Québécois ont tourné le dos en 2011 à l'urbanisation anarchique, notamment dans les régions de Montréal et de Québec. En effet, grande première au Québec, une vaste mobilisation de citoyens, de groupes environnementaux, d'organisations de la société civile, de spécialistes de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, d'agriculteurs et de tous ceux qui ont à cœur de préserver les terres agricoles et de planifier le développement urbain de façon durable a conduit, en novembre dernier, à l'adoption de deux plans métropolitains d'aménagement et de développement (PMAD), l'un pour la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et l'autre pour la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ), plus respectueux des attentes sociétales. Dans les deux cas, l'Union des producteurs agricoles a salué la volonté des élus municipaux de planifier de façon cohérente le développement de son territoire, tout en rappelant que la zone agricole, au Québec, ne représente que 2 % du territoire comparativement à 58 % en France et 45 % aux États-Unis. Enfin, on commence à percevoir le territoire agricole autrement qu'une zone en attente d'urbanisation. Nous devrons toutefois demeurer vigilants afin de nous assurer que les mesures mises en place permettent bel et bien de freiner le dézonage arbitraire et d'appuyer le travail de la Commission de protection du territoire agricole.
La politique bioagroalimentaire : attendue par tous
Ce consensus autour de la pérennité de notre garde-manger, démontré encore une fois cette année à l'occasion de la neuvième journée Portes ouvertes sur les fermes du Québec (126 000 visiteurs), dresse la table pour la première politique bioagroalimentaire que le gouvernement du Québec entend adopter prochainement. Déposé en début d'année 2011 par le ministre québécois de l'Agriculture, le Livre vert « Donner le goût du Québec » a donné le coup d'envoi aux consultations devant mener à cette politique que tous attendent avec impatience, agriculteurs, consommateurs et les différents maillons de la chaîne.
À cet égard, l'Union des producteurs agricoles rappelle qu'à la base de toute politique bioagroalimentaire, il y a l'agriculture. Il faut d'abord cultiver la terre, élever les animaux, produire les aliments de base avant de les transformer, de les distribuer, de les consommer! La future politique devra donc réunir les conditions pour que nos entreprises agricoles continuent d'investir, de créer de l'emploi, de mettre davantage de nos produits sur les tablettes et de participer à la pérennité économique des régions. Et pour ce faire, l'Union entend promouvoir sa vision de la future politique : « Le pouvoir de se nourrir », qui repose sur une agriculture réalisée par une multitude de fermes, ancrées dans toutes les régions du Québec, fournissant à la population des aliments sains, produits dans une perspective d développement durable et d'équité.
Engagement renouvelé des gouvernements envers la gestion de l'offre!
L'année 2011 aura également été marquée par l'engagement renouvelé des gouvernements fédéral et provincial envers la gestion de l'offre (lait, œufs, volaille, dindon), en marge de l'intérêt canadien pour la création d'une zone de libre-échange dans la région Asie-Pacifique. Divers tenants d'une libéralisation à tous crins du commerce des produits agricoles ont en effet laissé entendre que le Canada devrait, d'emblée, faire des concessions, spécifiquement au regard de la gestion de l'offre, plutôt que de se préoccuper des gains possibles dans la négociation d'un éventuel accord. Les deux paliers de gouvernement ont tôt fait de rappeler ces intervenants à l'ordre, et pour cause. Rappelons que le Canada, depuis 1986, a signé 14 accords commerciaux, dont l'ALÉNA, tout en préservant un modèle agricole qui, seulement dans le secteur laitier, lui offre des retombées économiques de 15,1 milliards de dollars, des retombées fiscales de 3 milliards de dollars, procure 215 000 emplois aux Canadiens et assure un approvisionnement de produits variés, innovateurs et de grandes qualités.
Autre reconnaissance du gouvernement à l'égard de la mise en marché collective, l'adoption du projet de loi 21, visant à colmater une brèche dans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles en confirmant à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec des pouvoirs, des droits et des obligations reconnus par une jurisprudence constante depuis une décennie, tend à confirmer que le gouvernement partage cette conviction.
2011 : UNE ANNÉE DIFFICILE POUR PLUSIEURS SECTEURS
Sécurité du revenu : les nouvelles règles du jeu font mal
Plusieurs secteurs de productions vivent une situation difficile, et ce, sur deux plans. Les secteurs porcins, bovins, ovins et des petites céréales doivent, d'une part, composer avec un contexte commercial difficile et, d'autre part, subir le plein impact des modifications arbitraires dans les programmes de La Financière agricole du Québec (FADQ), du remboursement accéléré des déficits des différents régimes et de l'imposition de surprimes dans certains secteurs. Les discussions entre la société d'État, le ministère de l'Agriculture et l'Union des producteurs agricoles auront permis de dégager des solutions temporaires pour les agriculteurs touchés, mais cet exercice n'aura pas été sans peine et ne s'inscrit pas nécessairement dans une perspective de développement à long terme de l'agriculture.
Pluies abondantes - récoltes inégales
Par ailleurs, on ne peut passer sous silence la situation climatique particulièrement difficile du printemps et de l'été dernier, les inondations en Montérégie, au premier chef, qui ont lourdement affecté les productions maraîchères et céréalières.
2012 : LE DÉFI D'UN VÉRITABLE PLAN AGRICOLE
L'agriculture doit être perçue comme une véritable locomotive économique, non pas comme un wagon à traîner. Il est impératif de reconnaître l'apport économique de l'agriculture, comme on le fait pour d'autres secteurs, de voir son soutien comme un investissement assurant la vitalité de tous les maillons de la chaîne agroalimentaire, et de réunir les conditions en vertu desquelles nos entreprises pourront continuer d'investir, de créer des emplois et de participer à la pérennité économique de nos régions. Il faut un véritable Plan agricole au Québec, tout en offrant aux deux paliers de gouvernement toute l'expertise et la passion des 42 000 producteurs agricoles québécois et de leur organisation, l'Union des producteurs agricoles, dans l'élaboration des futures politiques agricoles québécoise et canadienne, prévues pour 2012.
Équité et solidarité, des valeurs chères à l'Union des producteurs agricoles
En toute solidarité avec celles et ceux qui travaillent même les jours fériés (agriculteurs, personnel hospitalier, municipal, etc.) ainsi que pour les nombreuses familles ayant recours aux banques alimentaires auxquelles les producteurs agricoles québécois se font un devoir de contribuer chaque année, l'Union des producteurs agricoles souhaite ses meilleurs vœux des Fêtes et du Nouvel an à tous les Québécois!
Source: Éliane Hamel
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